Veillonella vous emmène aux Jeux olympiques !

                              

De la microbiologie pour ceux qui ont les crocs


Veillonella vous emmène aux Jeux olympiques !

Et si votre microbiome pouvait vous aider à courir un marathon ou même vous emmener aux Jeux olympiques ! C’est ce que Scheiman et ses co-auteurs ont étudié. On sait que les microbiomes intestinaux des athlètes présentent des abondances différentes de certains microbes par rapport aux non-athlètes, mais l’impact de ces différences reste inconnu. Et si le fait d’avoir plus ou moins de ces microorganismes vous faisait nager plus vite ou sauter plus haut ?

Désolé de vous décevoir, mais ce n’est pas exactement comme ça que ça marche, ou du moins, nous ne le savons pas encore. Cependant, l’équipe a constaté que les marathoniens avaient plus de Veillonella, un genre de bactéries naturellement présentes dans l’intestin, que les non-coureurs. Ils ont décidé d’aller plus loin pour voir s’il pouvait y avoir un effet de causalité lié à cette abondance accrue de Veillonella. Comment Veillonella a-t-elle fait la différence chez les athlètes ?

L’équipe a testé les avantages potentiels de Veillonella en utilisant des souris comme modèle. Ils ont donné des Veillonella à des souris et les ont fait courir pour déterminer si elles pouvaient courir plus que les souris non traitées (témoins), et elles l’ont fait ! Elles ont couru, en moyenne, 13 % plus longtemps que le groupe témoin… mais cela vaut-il pour les humains ? 

L’équipe a ensuite séquencé des échantillons de selles d’athlètes humains (coureurs d’ultramarathon et rameurs de fond olympiques) et isolé certaines souches de Veillonella chez les athlètes. Dans l’ensemble, ils ont trouvé une voie enrichie qui dégrade le lactate, un produit résultant de la dégradation du glucose et formé pendant un exercice intense. 

De retour aux souris, ils ont mené des expériences pour démontrer que le lactate généré pendant l’exercice est probablement accessible au microbiome. Ce lactate est ensuite utilisé par les Veillonella par la voie enrichie de dégradation du lactate pour produire du propionate. Le propionate est un acide gras à chaîne courte qui peut améliorer la santé des athlètes en augmentant la quantité d’énergie dépensée au repos, l’oxydation des lipides et la consommation d’oxygène.

Illustration simplifiée de la dégradation du glucose en lactate pendant l’exercice, suivie de la voie de production du lactate – propionate. Veillonella intervient dans la voie lactate – propionate. Image créée dans Biorender par l’auteur.

Dans la dernière expérience, l’équipe a testé si une augmentation du propionate dans l’intestin et le système circulatoire augmentait les performances sportives. Ils ont injecté du propionate à des souris et ont constaté que les souris traitées au propionate couraient plus longtemps que les souris témoins.       
Nous n’en sommes pas encore au stade d’ajouter des Veillonella dans l’intestin humain ou d’injecter du propionate aux humains pour qu’ils courent plus vite, mais il est étonnant de réaliser l’importance et le pouvoir du microbiome intestinal !

Illustration d’un microbiome intestinal de non-athlètes par rapport à un microbiome intestinal d’athlètes enrichi en Veillonella transformant le lactate en propionate et augmentant la performance athlétique. Image créée dans Biorender par l’auteur.

Article original: Scheiman, J., Luber, J.M., Chavkin, T.A. et al. Meta-omics analysis of elite athletes identifies a performance-enhancing microbe that functions via lactate metabolism. Nat Med 25, 1104–1109 (2019).

Featured image: Image created in Biorender by the author

Traduit par Lucie Malard